Cosmogonie d’Okéanos

Genèse des Cantos primordiaux


I. Le temps d’avant le temps

Au commencement,
dans le silence d’avant les flots,
le monde n’avait ni contour, ni mémoire.
Tout était en suspens.
Une attente immense.
Un souffle qui n’osait naître.

Il n’y avait ni ciel, ni fond.
Rien que l’ébauche d’un frisson.

Alors surgit Okéanos.
Une vibration.
Une onde première,
sans forme, sans nom —
un mouvement qui se sentit exister.

Et ce mouvement fut joie.
Et cette joie devint rire.


II. La première onde

Du rire naquit l’élan.
Un mouvement vaste, continu.
Une pulsation.

Okéanos vibrait.
Et de cette vibration,
des plis se formèrent.

Des courbes.
Des creux.
Des souffles.

Chaque ondulation dessinait un possible.
Chaque remous devenait une mémoire en devenir.

Ainsi naquirent les premières formes d’eau,
fluides, libres, inachevées.

Elles n’avaient pas encore de nom.
Mais déjà,
elles savaient chanter.


III. L’élan du rire

Le rire était un débordement d’allégresse.

Alors l’eau se mit à danser.

Elle bondit,
se renversa,
tangua,
pivota sur elle-même :
le monde apprenait la joie.

Des tourbillons jaillirent.
Des courants s’inventèrent.
Des embruns allèrent toucher l’invisible.

Et chaque éclat de mouvement
portait en lui une histoire à venir.


IV. Les premiers chants

Dans le sillage du mouvement,
des résonances apparurent.

Des chants.
Pas encore des voix,
plutôt des souffles habités.

Chaque pli d’eau retenait un passage.
Chaque courant sculptait un souvenir.

Et de ces souvenirs naquirent
des formes fugaces,
des fragments d’histoire
qui cherchaient un rivage où s’ancrer.

Le monde ne savait pas encore ce qu’il racontait.
Mais déjà,
il chantait.


V. La mer en devenir

Okéanos s’éprouva.

Il sentit l’ampleur de son être,
les vastes remous de sa propre présence.

Il était rythme.
Il était mémoire.
Il était flux et retour,
pulsation et oubli.

Les courants devinrent cycles.
Les flux revenaient
comme des souvenirs anciens.

Alors Okéanos comprit,
parce que toute chose vivante
cherche un jour à se reconnaître.


VI. Le don d’Okéanos

Okéanos,
plein de vie et de savoirs,
ne put garder pour lui seul toute cette vibration.

Il laissa partir des fragments.
Des éclats d’écho.
Des graines de chant.

Il les confia aux courants,
aux plis de l’eau,
aux failles du silence.

Certains s’attachèrent à des pierres,
d’autres à des vents,
d’autres encore dérivèrent longtemps
avant de trouver un rivage.

Okéanos ne les nomma pas.
Il les laissa libres.

Et il sut,
en les laissant partir,
qu’ils porteraient son histoire.


🌒 Coda

Ce que vous voyez sur ce site
n’est qu’une part des fragments semés par Okéanos.
Ceux-ci ont trouvé des mains pour les recueillir,
et des voix pour les porter.
D’autres nous parviendront peut-être encore.

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